Deux aventures éditoriales : Chryséide et Arimand de Mairet (1630), Cléagénor et Doristée de Rotrou (1634-1635)

TitreDeux aventures éditoriales : Chryséide et Arimand de Mairet (1630), Cléagénor et Doristée de Rotrou (1634-1635)
Type de documentArticle de revue scientifique
Année2003
Auteur-e-sRiffaud, Alain
Titre secondairePapers on French Seventeenth-Century Literature
Vol.30
Nombre58
Pagination9-28
Maison d'éditionNarr Francke Attempto Verlag
LieuTübingen, Allemagne
LangueFrançais
CatégoriesCritique et interprétation
Remarques

À l’instar de Chryséide et Arimand de Mairet, la tragi-comédie de Rotrou, Cléagénor et Doristée, a connu quelques péripéties éditoriales et fut initialement publiée sans l’autorisation de son auteur. Dans les deux cas, comme il arrivait fréquemment à l’époque où des copies de textes dramatiques circulaient chez les comédiens qui avaient acquis le droit de les représenter, les éditeurs invoquèrent le hasard qui leur fit obtenir un manuscrit de la pièce. En 1630, Jacques Besogne se rendit coupable à Rouen d’une édition subreptice de Chryséide et Arimand et, en 1634, Cléagénor et Doristée parut anonymement chez Antoine de Sommaville. Grand seigneur, Mairet se montra indifférent, alors que Rotrou, sans doute plus âpre au gain que ne l’était le protégé d’Henri II de Montmorency qui le logeait au château de Chantilly, attaqua en justice l’éditeur indélicat, ainsi que son associé Toussaint Quinet. Les parties s’accordèrent et, en échange de trois cent livres, Rotrou abandonna tous droits sur une nouvelle édition corrigée qui parut en 1635 sous le titre de La Doristée, dédiée au protecteur du théâtre du Marais, François II d’Averton, Comte de Belin. En tête de la seconde édition, Rotrou assimila dans un “Avertissement au lecteur” le sort de l’héroïne éponyme à celui de sa pièce. Toutefois, à la différence de l’édition rouennaise de Chryséide et Arimand qui, « sans être une édition haut de gamme, n’est nullement négligée » (p. 17), la préfaçon et l’édition autorisée de La Doristée « ne se distinguent pas : dans les deux cas le travail est des plus médiocres » (idem). Afin de répondre le plus rapidement à la demande et afin d’éviter de se faire devancer par un concurrent, il était alors courant que les libraires et les imprimeurs sous-traitent l’impression à de petits ateliers qui, souvent, exécutaient le travail hâtivement et dans de mauvaises conditions. L’auteur identifie deux de ces ateliers : celui de Jean Laquehay et celui de Jean Brunet et nous offre de savantes précisions, agrémentées de croquis (p. 20-21), sur les différentes méthodes d’imposition utilisées à l’époque et qui augmentaient le rendement. L’enquête experte et minutieuse menée par l’auteur nous permet de savoir que les deux pièces examinées « ont été imprimées selon la méthode de la demi-feuille sur une seule forme » (p. 22).

Clé de citation319